Là-bas, loin
L'aube, sans cesse, me cueille secouée par des questions en cascade. Quand la nuit retire ses rêves alambiqués, tortueux et torturés, je me trouve si démunie dans le jour qui pointe, que j’étouffe un cri, invariablement. Au moins ai-je dormi. Au moins ai-je fait semblant d’oublier tout ce qui me retient, et tout ce qui m’incite à fuir. Au moins ai-je fermé les yeux quelques heures sur les siens, ces miroirs dans lesquels j’avais cru tout lire: mon avenir et le passé réconcilié.
L’oubli est mensonge et tendresse, baume et chimère. Sa soeur répond au joli nom de fuite en avant.
Dans cet esprit, mais pas seulement, mais pas vraiment, j’espère acquérir lundi, un gouvernail de fortune. Ce permis qu’on voudrait bien m’accorder m’ouvrirait mille chemins vers des contrées nouvelles. Il serait un lopin de liberté, arraché au ciel, promesse d’un aller simple pour n’importe quel là-bas, ailleurs, à l’inconnu.
Si je le décroche (ne décroche-t-on pas la lune?), je me vois déjà partir un peu, seule au volant, enfin capable de choisir les directions, soucieuse de ne pas aller dans le mur et de ne pas faire l’impasse sur les angles morts du passé.
J’ai des envies d’océan et de routes ensoleillées, de haltes au petit bonheur et de saveur d’été. J’ai des désirs de flamenco et de fado, de sud, enfin, moi qui sait mon coeur au nord, de sud si peu connu encore, plein de mystère et de douces canicules.
Des besoins de lumière pour faire vaciller mes sombres pensées et mes lendemains de grisaille.