Chez moi (2)

Publié le par anaïs


Nouvel appartement, encore. Fenêtre sur cour et coeur en éclats. J’ai bordé ma chambre de rouge-orangé - mes couleurs, me dites-on - et allumé ma lampe fétiche, qui se découpe en lamelles sur le mur. Le parquet boisé se tait, impassible. J’ai dans la tête des milliers de censures. Dehors le froid est glacial et le vent rongeait mon imperméable blanc hier au soir, en marchant dans les rues. J’ai erré un peu, par-delà les ruelles, en reconquête de places, en reconnaissance de cette ville. J’ai bu du vin et fait tinter mes clés, au fond de ma poche, pour affirmer mes choix.


Mais dans mon ventre gueulait un grand vide et des larmes ruaient derrière mes paupières. Mes pensées étaient avec lui, en face du parc, dans les plis carmin du salon. Que lui dire, aujourd’hui, sans se répéter? Rien sûrement, et les mots parfois restent muets, alors qu’on peut encore placer des nuances dans le regard.


Rien d’autre à murmurer que « je n’oublie pas ».

Publié dans mumures - voyages

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A
Je fais un immense effort pour ne pas vous citer à nouveau Claudel et son soulier satiné, mon bouclier contre la tristesse... et me contente donc de vous envoyer ma certitude, celle que nous pouvons compter l'un sur l'autre. Et que c'est beaucoup. <br /> <br /> Même si les nuits sont longues, muettes et glacées...
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S
Je respecte vos efforts. Vous savez que j'ai toujours considéré, à la suite de mon maître, que "l'avenir dure longtemps". J'ai peur qu'il soit aussi vide. Mais, cette fois, ce sera ma faute. La mélancolie est sans doute le sentiment qui colle le mieux à la psychologie des "amoureux de la vérité", lesquels ont bien du mal à se  faire respecter en ce monde et en ces temps.<br /> Vous me voyez d'autant plus triste que je LIS, à travers les lignes, ce que vous ressentez et que vous me transmettez depuis quelques jours.
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A
L'avenir, pour Vous comme pour moi, je crois, est un terme bien abstrait pour l'instant. Il m'échappe à moi, en tous les cas, moi qui suis encore enlacée dans les fils du passé, tentant de discerner quels filets j'ai tissés moi-même, et lesquels m'ont happée par surprise. L'avenir est sombre, l'avenir est flou. J'aimerais que le vôtre soit accompagné de chaleur espagnole.<br /> J'aimerais que le mien soit un peu plus assumé, un peu plus libre, un peu plus "moi". Un peu moins sillonné de larmes. <br /> Le vôtre comme le mien, j'en suis sûre, se fera dans les mots, dans la littérature et dans la "foi" un peu désuète en une parole qui dit vrai.<br /> <br /> Sourire triste, mais sourire quand même, Anaïs.
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S
La maison est vide et le parc est mort. L'oubli... Vous n'oubliez pas. Moi non plus. Et ce champ de ruines. Vous êtes dans votre combat, pour parachever votre construction. Je suis dans ma lutte pour ne pas sombrer. Vous n'oubliez pas... Mais quoi ? Le passé heureux et ses élans. Oui, naturellement. La dévastation que j'ai semée parce que j'ai cru, une fois de plus, à un minois d'oiselle. Sans aucun doute. Mais l'avenir ? Qu'en ferons-nous ?<br /> Je vous embrasse, SirCrimson.
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