J'ai rêvé alors? (fragment)

Publié le par anaïs


Les personnes qui me lisent régulièrement auront compris que je publie des fragments du passé quand je n'ai que peu de temps. C'est le cas aujourd'hui. L'extrait que je poste est issu d'un texte qui date de trois ans environ. Il est l'exutoire de trop longues illusions, portées par le vent breton.


"Puis, un jour, tout change vraiment. Elle a dix-huit ans ou un peu moins peut-être, parfois il lui semble qu’elle a beaucoup plus et chaque été, elle retourne promener son espoir enfantin le long des plages du nord. Mais cette année, tout est différent. D’abord il y a Florian, lui, ce premier amour qu’elle a attendu et qui devrait la combler, le fait par certains côtés. Mais par d’autres elle s’affame à vouloir plus, s’enrage à ne pas comprendre ce qui manque, ce qu’elle veut, cherche, désire. Il y a ce besoin, quand elle le regarde, d’apercevoir au fond de ses yeux une miette de ces souvenirs vacanciers. Besoin de cette main qui l’étrangle quand elle pense à lui. (Mais peut-être sait-elle déjà que c’est la caresse de l’interdit qui lui fait défaut?) Pourquoi donc – elle le sait très bien, elle le sait - ne peut-elle être complètement sincère?  Il y a Florian donc. Leur histoire qui dure et qui l’interroge, une histoire d’adulte, la première, ses pensées qui deviennent sensuelles, ses gestes qui se créent puis deviennent familiers aux détours des crépuscules, au fil des nuits qu’elle passe à découvrir qu’elle a un corps. Est-ce que c’est son âge, son histoire, est-ce que c’est Florian qui la change ? Elle ne saurait le dire, mais les matins sont un peu moins insouciants, elle comprend des coups d’oeil qu’elle préférerait oublier, son corps s’assombrit, ses voeux deviennent moins innocents et, tout à coup, c’est là, ça crève son quotidien, ça s’étend partout. Ce sont ces hanches qui chaloupent, ce sont ces conversations difficiles et tristes qui marquent ses amitiés, ce sont ces joies plus rares mais plus profondes, c’est tout ça : elle est une femme. Elle n’a pas demandé ça pourtant, elle aurait bien continué, elle, à rire des amoureux en ville, à ressembler aux princesses, à manger des barres de chocolat et à guetter, au coin de la rue, flanquée de ses inséparables copines, le jeune prof de géographie. Mais les copines sont devenues des amies, le professeur de géographie s’est avéré guetter lui-même les jeunes collégiens et elle sait, à présent, que les princesses sont très seules et qu’elles ne mangent pas de chocolat à cause de leur ligne.

Et son corps, sournois, gourmand, la démange et les étés deviennent rageurs."


Publié dans mumures - voyages

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K
Que de douceurs dans les mots, qui pourtant, expriment un profond chagrin ! Je prend moi aussi, un très grand plaisir à te lire ! A bientôt bisous
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Doux souvenirs... un joli texte.
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A
<br /> Comme je dis, c'est un fragment, l'histoire continue donc après les 18 ans de cette "elle" que j'ai été un peu, beaucoup. <br /> <br /> Mais vous saviez, bien sûr.<br /> <br /> Moi aussi, j'aime les fils qui se tissent sur la toile, pas tous, mais celui-ci je l'aime bien et tendre.<br /> <br /> Avec un sourire, A.
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J
18+3=... ?<br /> je plaisante ...<br />  <br /> et vous écrivez ainsi..<br /> continuez, j'aime vous lire, vous connaître un peu plus...<br /> je vous embrasse...
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